Un visiteur du néolithique: l'aurochs d'Etival

Nul ne sait si le territoire d'Etival était alors habité par des hommes. Cette hypothèse n'est pas invraisemblable puisque des villages lacustres du néolithique ont été découverts à Chalain et à Clairvaux-les-Lacs, soit à une dizaine de kilomètres d'Etival. Les lacs sont au nombre de trois sur le territoire de la commune: le Grand Lac, le Petit Lac, et le Lac de la Fauge. Un quatrième lac d'origine glaciaire se trouvait alors en contrebas du rocher où se dresse aujourd'hui l'église. C'est justement dans cette zone, transformée au fil des millénaires en une vaste tourbière, qu'a été découvert, par hasard, l'aurochs d'Etival.

Les planches qui suivent sont extraites de l'excellent livre de Vincent Bichet et Michel Campy "Montagnes du Jura: Géologie et paysages", publié aux éditions NEO

Cet ouvrage contient un article sur l'aurochs d'Etival, par Louis Chaix, Conservateur au musée de Genève

Télécharger L'aurochs d'Etival et les aurochs de Franche Comté

par Louis CHAIX, Conservateur du département d'Archéozoologie du Museum d'Histoire Naturelle de Genève

La toponymie, c'est à dire l'étude des noms de lieux, apporte parfois des éclairages nouveaux ou insoupçonnés. La tourbière au sud de l'église porte traditionnellement le nom de "Sous la fontaine". Le mot de fontaine désigne souvent une source captée (du latin fons = source), et pas nécessairement une véritable fontaine au sens moderne du terme. Il existe effectivement une source, toujours active, au nord de la tourbière . Plus surprenant, une autre dénomination figure sur la carte d'Etat-Major de 1850 pour désigner cet endroit: "Abreuvoire". Cette dénomination, disparue de la mémoire des anciens, indique clairement que les troupeaux venaient s'y désaltérer. La découverte de l'aurochs à ce même endroit nous invite à une réflexion vertigineuse: C'est ici, dans cet "abreuvoir" que des troupeaux de bovins, sauvages puis domestiques, sont venus s'abreuver, depuis le néolithique jusqu'au XIXème siècle.

Extrait de la carte d'Etat Major de 1850 désignant la tourbière sous le nom "Abreuvoire"